Fratrie vos relations, Elena témoigne : elle est la soeur jumelle d’une personne atteinte d’IMC
lundi 6 décembre 2010

Vous êtes le frère ou la sœur d’une personne avec une IMC, nous souhaitons faire une place à votre parcours et recueillir vos réflexions. Merci de témoigner en répondant à ces quelques questions. Votre témoignage pourra peut-être aider d’autres personnes. Évoquez les différents sentiments ressentis au cours du temps.

Vous pouvez retrouver le questionnaire témoignage et y répondre si vous le souhaitez.

Je m’appelle (prénom fictif) Elena, je suis une jeune femme de 23 ans.

- La personne avec une IMC est votre : Sœur.

- Son âge actuellement ? : 23 ans.

- Constitution de la famille : Nous sommes deux sœurs jumelles.

- Vos relations avec ce frère ou cette sœur dans votre petite enfance ? :
Ayant le même âge que ma sœur, et durant toute notre petite enfance, l’idée du handicap, je pense, ne m’a jamais traversé l’esprit. J’étais certainement trop jeune pour comprendre ce qu’était le handicap et ses répercussions. Même si j’ai bien du me rendre compte des différences qui se faisaient de plus en plus importantes au fil du temps (marche, préhension, langage, etc.), il m’était possible de jouer avec elle, de parler avec elle, de me disputer avec elle et c’est tout ce qui comptait pour moi.

- Vos relations avec cette sœur à votre adolescence ? :
C’est pendant l’adolescence que j’ai réellement pris conscience de son handicap. Ça n’a pas été facile d’accepter le fait que je ne connaitrai jamais une relation sœur/sœur (jumelle en plus) "normale" : je ne pourrai jamais aller faire du shopping, aller au cinéma ou au restaurant avec elle, je ne pourrai jamais lui faire part de mes peines, de mes joies, etc. Il a donc fallu que je fasse le "deuil" de cette relation : comme tout deuil, je suis tout d’abord passée par la négation. Je n’arrivais pas à concevoir qu’on puisse rester là sans rien faire. Il fallait l’aider pour qu’il y ai, à termes, une amélioration, une évolution positive de son état. J’ai donc essayé de lui apprendre l’alphabet, de lui apprendre à compter, de lui apprendre à écrire son prénom, etc. Je suis ensuite passée par la colère. Il m’arrivait souvent d’éprouver un sentiment de frustration, d’incompréhension lorsque ma sœur se retrouvait dans l’incapacité d’accomplir certains faits et gestes. Puis, je suis passée à la phase de culpabilité et de tristesse. La question "pourquoi elle et pas moi ?" revenait sans cesse dans mon esprit (d’autant plus que nous sommes jumelles. Et, enfin, j’ai fini par accepter son handicap et à vivre pleinement les bons comme les mauvais moments avec elle.

- Vos relations avec cette sœur aujourd’hui ? :
Aujourd’hui notre relation est très fusionnelle. Il m’arrive souvent de culpabiliser, car entre mes études, mon job étudiant, mon fiancé avec qui je suis depuis 4 ans maintenant, j’ai de moins en moins de temps à lui consacrer.
Actuellement, j’ai une peur grandissante pour l’avenir. Mes parents qui prennent de l’âge et éprouvent de plus en plus de difficultés (physiques et morales) pour assumer cette charge au quotidien ; moi qui doit bientôt entrer dans la vie active et espère fonder une famille, ma sœur qui prend également de l’âge et qui va bientôt entrer en institution pour adultes handicapés, bref autant d’éléments qu’il faut prendre en compte et ne pas oublier pour savoir de quoi sera fait demain.

- Comment la cellule familiale s’est construite au fur et à mesure du temps ? :
Notre famille (mon père, ma mère, ma sœur et moi) sommes très unis et soudés, particulièrement dans la prise en charge quotidienne qu’implique le handicap de ma sœur.
En revanche, il est vrai que nous n’avons jamais réellement dialoguer sur le handicap de ma sœur, sur nos ressentis, nos difficultés, etc. Chacun vit le handicap et l’accepte à sa façon.

Nous vous remercions de votre témoignage Elena.