Dans le cadre d’une étude sur la myopathie spastique des adultes avec paralysie cérébrale, l’équipe BIOTN composée du Dr Maud Pradines (de l’UR 7377 de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC)) et du Pr. Jean-Michel Gracies (CHU Henri Mondor, Créteil) recherche des kinésithérapeutes et des adultes avec PC intéressés par une participation à cette étude clinique soutenue par la Fondation Paralysie Cérébrale. Pour en savoir plus, c’est par ici ➡️ https://bit.ly/3Rg3XjA.
Source : www.fondationparalysiecerebrale.org
Une cordée… C’est un groupe de personnes qui discute par un échange de courrier ou sur un forum, sur une thématique de leur choix.
« Les aspects psychologiques : répercussions et enjeux dans le parcours de vie » : Conférence inter régionale APF sur l’Infirmité Motrice Cérébrale (Chartres/Champhol) du 15 mai 2009.
Sarah Caillot - Psychologue, Réseau Breizh IMC (Bretagne)
Sarah CAILLOT travaille dans un centre à Rennes. Elle est membre du réseau Breizh IMC de Bretagne qui a mis en place, depuis quelques années, des consultations spécialisées pour le suivi des adultes.
Fondements psychiques de la personne paralysée cérébrale
La situation de handicap modifiera toujours les modes et les normes de vie d’un individu. Ces modifications vont pouvoir amener des difficultés psychologiques importantes. Toutefois, il n’existe pas de psychopathologie spécifique à la paralysie cérébrale. La personne paralysée cérébrale est assujettie aux mêmes lois humaines, aux mêmes besoins, aux mêmes désirs.
Quand un enfant paralysé cérébral naît, le traumatisme est double : au traumatisme normal de la naissance s’ajoute le choc traumatique du handicap. Les parents peuvent être atteints dans leur idéal parental, dans leurs projections imaginaires. Ce choc induira un travail de deuil de l’enfant idéal, accompagné souvent d’angoisses, de culpabilité, de remaniements psychiques profonds. La difficulté de ce travail de deuil peut parfois provoquer certains comportements défensifs avec une surprotection excessive et une agressivité latente voire un rejet.
L’enfant PC est en décalage par rapport au désir parental. Au cœur de la problématique existe ce désir de réparation qui mobilisera beaucoup d’énergie du côté de la personne handicapée mais aussi des parents. La problématique est parfois extrême et les médecins, la famille et tout l’entourage peuvent pousser ce désir jusqu’à envahir la vie psychique du système familial.
Une surcompensation du « moins » peut pousser à une recherche parfois sans limite de tout ce qui représente un « plus », avec une survalorisation de la performance. Il peut arriver que pendant des années des enfants soient placés en permanence devant des contraintes d’apprentissages moteurs et intellectuels.
Les espaces de liberté, de rêve, d’acceptation de soi sont indispensables au bien-être psychique, au sentiment de sécurité et d’assurance. Ils permettent la mise à distance de l’angoisse liée au sentiment d’être en échec par rapport à ce qui est attendu des autres.
Des deux côtés, enfant et parents, un long travail de réaménagement psychique va devoir se faire pour que l’enfant soit à nouveau porteur d’un désir parental qui le soutient dans son propre désir.
L’enfant paralysé cérébral va devoir trouver sa place, se reconnaître et s’affirmer dans sa famille, puis dans les groupes sociaux qu’il va rencontrer et qu’il va essayer d’intégrer.
Le rapport au corps est complexe pour la personne paralysée cérébrale. Il a un impact sur la construction de l’image du corps, la vie affective et sexuelle. Il aura à vivre « avec » mais aussi « contre » son corps. Le corps n’appartient plus au principe de plaisir mais est contrainte et aussi, souvent, souffrance en raison des douleurs, des regards portés sur lui, des limitations et des déformations.
Les personnes en consultations mentionnent souvent un vécu d’insécurité et d’angoisse lié à un sentiment de non-reconnaissance, à la culpabilité de ne pas coller à « l’idéal ». Le manque crucial de communication et un sentiment d’exclusion viendront nourrir cette angoisse. Un fonds d’anxiété, très important, trouve sa source dans le doute permanent sur les possibilités du corps. Le vécu de la motricité s’accompagne toujours d’un risque d’échec, d’un doute permanent sur les actes de la vie quotidienne et d’une panique devant l’imprévu.
Ce manque de confiance dans le corps est majoré par les suites d’opérations, les rééducations et appareillages divers, qui renforcent le sentiment de ne pas être dans la norme. Il en résulte une difficulté pour se construire une image positive de soi-même.
Comment cette notion d’autonomie va-telle pouvoir s’entendre quand la personne va devoir, sa vie durant, dépendre des autres pour se déplacer, pour atteindre un objet, pour satisfaire ses besoins, changer de position… ?
Elle a un statut ambigu, à la fois angoissante et tout autant source de plaisir, recherchée, car elle peut comporter des bénéfices secondaires.
L’autonomie est le fruit d’un désir propre du sujet. Est-ce qu’il se sent autorisé à désirer hors du désir parental ? Ce sentiment d’autonomie va être capital dans le développement de l’affirmation de soi et la construction identitaire.
« Je suis ce que je peux faire donc tout ce que je ne peux pas faire me renvoie à ce que je ne suis pas ».
Les contraintes vécues entravent la liberté, la capacité à se projeter dans l’imaginaire, dans un idéal. Le manque d’autonomie favorise l’illusion de la toute-puissance de l’autre, la proximité ne favorise pas la naissance du tiers nécessaire.
L’estime de soi cherche à satisfaire ces deux grands besoins à travers différents domaines d’activités. S’estimer implique de s’évaluer mais aussi de s’aimer, indépendamment de nos performances, nos défauts, nos échecs.
Étude (2005) de F. Dauvergne (Réseau Breizh IMC) :
Le besoin affectif est encore plus important en raison, souvent, d’un manque relationnel, de difficultés pour aller à la rencontre de l’autre : tabou et difficulté d’élaboration avec tendance à la banalisation voire à la négation.
Pourtant, ces questionnements sont quotidiens sur les manifestations légitimes du désir, mettant souvent en jeu le cadre familial ou institutionnel.
Nécessité d’un travail difficile et lent de construction de soi, de son image, de son identité. Il s’agira de pouvoir :